Mise à jour (18/02/2023)
Après une envolée des taux de fret maritime en 2021, ces derniers semblent enfin retrouver la raison et se rapprocher des taux pré-pandémiques. Avec la normalisation de la consommation mondiale et la saturation des entrepôts, la demande chute et les tarifs du transport maritime aussi. Comment le marché va-t-il évoluer en 2023 ?
Lire notre article sur l’évolution des taux de fret maritime pour 2023.
Le maritime a toujours été le mode de transport utilisé majoritairement dans le monde du transport de marchandises (65%) devant la route, le ferroviaire ou l’aérien. Depuis le deuxième semestre de l’année 2020, l’ensemble de la chaîne logistique évolue de façon désorganisée.
En effet, les grèves portuaires, la crise sanitaire liée au COVID, la fermeture du port de Yantian, l’accident du canal de Suez, la congestion des routes maritimes, … sont autant d’événements qui provoquent une forte évolution des taux de fret maritime.
L’inflation observée est exponentielle et se compte aujourd’hui à +650% depuis le début de la pandémie pour le transport d’un conteneur standard de 40 pieds sur le voyage Asie / Europe.
Pourquoi les taux de fret sur le marché maritime augmentent ?
La crise sanitaire connue par le monde entier a su mettre en évidence les interdépendances d’une chaîne de production concentrée à certains endroits de la planète, qui se facturent aujourd’hui par de fortes vulnérabilités pour le commerce mondial.
Après une période difficile économiquement à cause de la pandémie, une fulgurante reprise a fait son apparition se traduisant par une importante demande du marché, et de nombreux flux de marchandises à travers les océans. Malheureusement, le transport maritime a du mal à suivre ce nouveau rythme en termes de ressources matérielles et humaines : pénurie de main d’œuvre au sein des plateformes portuaires et de conteneurs.
La conséquence de l’ensemble de ces facteurs est la flambée des taux de fret maritime, qui n’ont jamais été aussi élevé qu’en ce moment. Les prix des conteneurs ont augmenté de 351% selon l’indice World Container. Il y a peu, un conteneur qui coûtait environ 2000 euros avant la crise sanitaire, était à 13 000 euros.
En plus d’une augmentation radicale des prix du transport par voie maritime, on observe également un allongement certain des délais. Pour l’exemple, un conteneur met en ce moment quasiment 70 jours à arriver pour un trajet de la Chine à l’Europe, contre 50 jours en début d’année. La situation ne va donc pas en s’améliorant.
L’état du secteur est résumé par Anne-Sophie Fribourg, Présidente de la commission maritime de TLF Overseas, syndicat d’organisateurs de transport : « Pour trouver des conteneurs, c’est extrêmement compliqué aujourd’hui, quelle que soit la route maritime. Il y a des problématiques pour trouver de l’espace sur les bateaux et des retards. Et puis, il y a des problématiques de congestion portuaire majeure dans les plus grands ports du monde »
Les conséquences de cette crise pour la supply chain sont considérables : l’afflux de marchandises sature la chaîne logistique, tout comme les lieux de stockage. Cela impacte également les magasins qui subissent de nombreuses ruptures de stock, et les consommateurs finaux qui payent malheureusement plus cher leurs produits.
Pour cette fin d’année 2021, selon les professionnels du secteur, il est fort probable que la situation ne change pas, voir s’aggrave. En effet, la « Peak Season » (période durant laquelle la demande est très forte, en raison du Black Friday et des fêtes de fin d’année), induit généralement une hausse des volumes de fret à acheminer, entraînant encore une fois un manque de ressources et d’espaces et provoquant mécaniquement une évolution des taux de fret maritime et des tensions.
Que peut-on attendre du transport maritime pour 2022 ?
En ce qui concerne la hausse des prix du secteur du transport maritime, le bout du tunnel ne semble pas encore se profiler : les professionnels du secteur tendent à dire que la situation pourrait durer au moins jusqu’à mi-2022, le temps que les compagnies maritimes se dotent des capacités de transport d’avant crise.
En attendant, les entreprises importatrices étudient différentes solutions pour limiter les impacts de la crise sur leur activité, en particulier pendant la période des Fêtes. Tout d’abord, certaines vont remplacer les commandes de produits volumineux par des références plus petites qui demanderont moins d’espace lors du transport et du stockage ; d’autres se sont arrangées avec leurs fournisseurs pour avoir des produits démontables pour le voyage ; et enfin, les vendeurs vont être sollicités pour promouvoir les produits « Made in France ». L’objectif : limiter les coûts de transport et les risques de rupture de stock.
Pour ce qui est des prix des marchandises, les entreprises comptent rogner leurs marges et partager les efforts avec l’ensemble des membres de la supply chain. Le consommateur ne devra alors ressentir qu’une faible hausse du prix final, par rapport à l’augmentation des frais de transport.
Enfin, certaines compagnies maritimes importantes ont annoncé le gel de leurs taux de fret, comme le géant CGA-CGM qui a déclaré l’arrêt de toute nouvelle augmentation de ses taux de fret jusqu’au 1er février 2022 afin de privilégier une relation à long terme avec ses clients, face à un épisode inédit mais normalement éphémère du secteur.
Les professionnels considèrent peu les modes de transport alternatifs. Ils estiment que l’aérien et le ferroviaire sont des moyens qui restent très chers par rapport au fret maritime, et qui de plus proposent des capacités dérisoires en termes d’espace.
Quelles solutions existent pour le transport de marchandises ?
Les événements récemment apparus ont permis de montrer les faiblesses de la chaîne logistique face à une forte centralisation de la production mondiale. Pour éviter au maximum que la situation ne se reproduise à l’avenir, il est nécessaire de réfléchir à des solutions.
Premièrement, nous pourrions penser à une relocalisation stratégique. Il n’est pas réellement envisageable de ramener tout l’appareil de production sur le territoire national car les volumes sont trop importants, et l’Asie reste un marché irremplaçable. Cependant, une régionalisation de certaines fabrications peut répondre à une demande de juste-à-temps (pour rappel : cette méthode consiste à ce que la production soit « tirée » par la demande : il faut produire puis livrer dans un temps très court ce qui est demandé par le client).
Autre pratique qui pourrait permettre de fluidifier la chaîne logistique mondiale : revoir les routines portuaires de certaines entreprises. En effet, malgré un maillage important existant sur le globe, certains acteurs prennent l’habitude de toujours utiliser les mêmes ports pour faire transiter les marchandises, engendrant de possible congestion à l’entrée de ces derniers. Il est possible d’optimiser la supply chain en utilisant aux mieux l’ensemble des infrastructures existantes.
Avec l’utilisation d’un logiciel adapté, il vous est plus facile de communiquer avec les plateformes portuaires. La solution Akanea TMS Freight Fowarding est intégré au cœur d’un écosystème collaboratif, et communique automatiquement avec un grand nombre de ports.
A ce jour, les prochaines évolutions des taux de fret maritime restent encore très floues. Les entreprises du secteur se posent la question de savoir si l’épisode actuellement traversé va être temporaire, ou suffisamment durable pour justifier des investissements financiers et matériels. L’anticipation des besoins de demain, par rapport aux problématiques rencontrées aujourd’hui semble indispensable pour appréhender aux mieux un secteur en constante évolution comme la supply chain.
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