La certification agroalimentaire HVE, comme Zéro résidu de pesticide, répond à des attentes de consommateurs. Demandée par les distributeurs, elle permet de les rassurer. Elle suppose un engagement quotidien du producteur et mérite donc d’être sécurisée.
Rassurer le consommateur au travers de démarches comme la certification agroalimentaire HVE ou ZRP
Le développement de la certification agroalimentaire HVE (Haute Valeur Environnementale), comme celle du ZRP (Zéro Résidu de Pesticides), traduit les attentes actuelles des consommateurs. Des préoccupations renforcées par la crise sanitaire. L’enjeu d’une certification agroalimentaire est d’attester auprès de ses clients qu’un aliment et/ou son mode de production répond à ses aspirations. C’est ce que tout opérateur cherche à faire par chacun de ses choix et actions. En effet, cela se joue à tous les niveaux de la filière, à commencer par le premier maillon : l’agriculteur. Le pôle de compétitivité Végépolys Valley et Akanea Agro ont rassemblé plusieurs intervenants pour un webinaire sur les clés d’une certification agroalimentaire réussie. Un échange concentré sur la filière fruits et légumes.
Le label ZRP mais aussi la certification HVE répondent à la préoccupation sanitaire
La certification agroalimentaire HVE et la démarche ZRP répondent à des inquiétudes des consommateurs exacerbées par la pandémie. Les Français se soucient de longue date de l’impact de leur alimentation sur leur santé. Mais « elle est devenue le 2e critère de choix d’un produit alimentaire, derrière le prix, alors qu’elle était au septième rang, il y a deux ans », confirme Quentin Gibert du collectif Nouveaux champs. Celui-ci gère le label ZRP.
Aujourd’hui, 43% des citoyens se déclarent « très inquiets » de la présence de résidus de pesticides sur les fruits et légumes (baromètre Interfel de 2021). Un chiffre, certes en recul, mais qui reste encore élevé. De quoi motiver les certifications agroalimentaires ZRP mais aussi HVE. Cette dernière visant entre autres à réduire l’utilisation de produits phytosanitaires.
La certification agroalimentaire HVE pour satisfaire les attentes de productions plus durables
La certification HVE fait écho aux préoccupations environnementales des citoyens. D’ailleurs, le confinement a, à ce sujet, mis en lumière les effets bénéfiques de la moindre activité humaine pour la planète. Ce qui a stimulé la conscience environnementale de chacun.
De ce fait, le consommateur attend des efforts tout au long de la filière pour une production plus responsable. Progrès qu’il pourrait soutenir par son acte d’achat de produits alimentaires certifiés. La tendance tend toutefois à se modérer : en octobre 2021, seuls 52 % des Français indiquaient adopter des pratiques plus écologiques contre 73 % en janvier 2020 (Ispos).
Une attestation pour vendre plus facilement, comme avec la certification HVE
Une des motivations des labellisations agroalimentaires est qu’elles semblent devenir un sésame commercial. Et ce, notamment pour le référencement auprès des enseignes de grande distribution. Cela est le cas pour le label zéro résidu de pesticides ou si les produits sont issus d’une exploitation reconnue de haute valeur environnementale.
Les Egalim ont pointé les projecteurs vers la HVE. Ils imposent en effet 50% de produits certifiés dans les repas de restauration collective publique d’ici 2022. Cela a créé une attente et de la visibilité pour cette mention officielle, souligne Régis Chevalier, maraicher en Loire-Atlantique et adhérent de la coopérative Océane. Or, « l’intérêt commercial est un de mes principaux critères d’attention pour me lancer dans une certification », témoigne-t-il.
Pouvoir communiquer sur ses pratiques, un atout pour une certification agroalimentaire
Pouvoir communiquer sur ses bonnes pratiques est moteur pour initier un processus de certification agroalimentaire selon Régis Chevalier. « C’est le cas pour la HVE et les élus locaux y sont sensibles », rapporte l’exploitant. Celui-ci est par ailleurs membre fondateur de l’association nationale pour son développement. Le fait que la démarche soit publique ou privée joue aussi sur son choix. Elle peut être portée par un client ou une filière.
Autre question : cette certification agricole s’intéresse-t-elle à toute l’exploitation, comme la HVE, ou à un produit, à l’instar du ZRP ? Et « les exigences sont-elles à ma portée ou faudra-t-il tout révolutionner sur mon exploitation, au risque d’en affecter la santé économique ? ». Il met d’ailleurs en garde contre la surenchère. « Mon choix d’aller vers une certification se base sur un équilibre bénéfices/risques et obligation/volonté. »
La certification environnementale des exploitations se développe
La certification HVE est une reconnaissance officielle du ministère de l’Agriculture. Elle vise à valider et à valoriser les pratiques respectueuses de l’environnement mises en place par le producteur. Et elle repose sur un engagement volontaire. Issue du Grenelle de l’environnement de 2008, elle ne décolle qu’en 2012 en viticulture. La filière fruits et légumes se lance, elle, fin 2018 après la première édition des Egalim.
La dynamique de cette certification agricole s’accélère désormais sur de nombreux secteurs. L’objectif de 15 000 exploitations certifiées en 2022 a été atteint dès l’été. La prochaine cible ? 50 000 en 2030. L’Etat prévoit d’ailleurs des incitations, comme l’obligation de produits HVE dans restauration collective publique.
Un protocole de certification encourageant
Le protocole pour être certifié HVE est basé sur un système de gains de points. 4 piliers sont observés : biodiversité, réduction des intrants chimiques, fertilisation et ressource en eau. Les progrès sont reflétés par 3 stades d’aboutissement. Seulement le niveau 3 permet de revendiquer la certification HVE.
Des organismes certificateurs agréés par le ministère contrôlent le tout. « Nous avons abordé cette certification agroalimentaire au niveau territorial, de manière collective, en dédiant des personnes en support », explique Régis Chevalier. Si le producteur est accompagné, l’audit est réalisé en individuel. Et le producteur de défendre : « Cette certification, certes peu valorisée, constitue une protection contre les produits d’importation, seul le Made In France peut être HVE ».
Le label ZRP atteste de la qualité du produit
Des agriculteurs ont initié la certification agroalimentaire ZRP. Elle est née en 2018 avec la création du Collectif nouveaux champs. Son label garantit l’absence de trace détectable sur les produits finis. Un organisme indépendant la contrôle. La promesse est tenue grâce à des combinaisons de techniques agricoles mais aussi des actions dans l’ensemble de la filière. « Nous accompagnons les producteurs et les structures du collectif en termes techniques, étape par étape », explique Quentin Gibert. Un protocole décliné par filière. Notons que le label ZRP permet de se prévaloir du 2e niveau de la HVE.
Plusieurs filières certifiées sans résidu de pesticides
Initié sur la filière fruits et légumes, le collectif entend « continuer de développer la transversalité du label ». Il est déjà présent dans 6 rayons en GMS. Cela permet d’enrichir la démarche des différentes expériences. Le collectif travaille aussi la dimension commerciale. L’enjeu est de garantir une valorisation des efforts et d’éviter un déséquilibre offre/demande. La démarche de labélisation se positionne comme une troisième voie entre le bio et le conventionnel. Comme l’explique Quentin Gibert, l’enjeu est de montrer par cette certification alimentaire que des efforts sont faits pour produire mieux et répondre aux attentes des consommateurs (Lire notre article : Quelles sont les tendances « food » de cette année ?). La dynamique se révèle plus qu’encourageante : aujourd’hui plus de 600 producteurs pour 60 adhérents sont engagés. Après trois ans, le label est reconnu par 30% des Français.
Sécuriser et faciliter la gestion de la certification agroalimentaire
Qui dit certification agroalimentaire dit suivi précis, à chacune des étapes, des interventions ou encore contrôles pour attester du respect des exigences. « Cela peut être lourd en paperasse, coût et temps », confirme Régis Chevalier. Des logiciels proposent de faciliter la centralisation et la transmission de ces informations dès la parcelle. L’offre d’Isagri prévoit aussi un accompagnement par des techniciens, complète son représentant Sébastien Nouveau.
Les données collectées au niveau agricole, propres à la certification HVE par exemple, peuvent être communiquées à des outils informatiques de l’aval. Ils sont capables de les utiliser et de les compléter. Et ce, jusqu’à l’édition des bons de livraison de la station. « Cela permet de ressortir les informations utiles lors de la réalisation des audits de certification », appuie Matthias Weber, d’AKANEA Agro. Les logiciels assurent aussi le contrôle automatique des conformités des produits certifiés, par exemple. Face à la multiplication des labels et références, « cela constitue un enjeu de taille pour les négociants et grossistes ».