Jusqu’à l’été 2022, le marché du fret mondial aérien a pleinement bénéficié de la reprise qui a succédé au pic de la pandémie de Covid-19, et de ses retombées.
Cependant, depuis quelques mois, le secteur subit de lourdes turbulences. L’inflation mondiale et une diminution forte de la demande en sont à l’origine.
Comment va évoluer le marché du transport international aérien ? On vous dit tout.
Le marché du fret aérien en déclin sur 2023
Après une fin d’année 2022 compliquée pour les professionnels du transport aérien de marchandises, c’est une période de fort déclin qui s’est installée sur le marché pendant quelques mois. En effet, la demande mesurée en tonnes-kilomètres de fret (CTK) a chuté de 14,9% en glissement sur un an, comparée à 2022. Cette chute du trafic de fret aérien culmine en janvier 2023 à -16.8% par rapport à l’année précédente. Plusieurs facteurs en sont la cause :
- Nous sommes passés d’une forte demande de biens lors de la crise sanitaire et la reprise, à une demande de services,
- Les avions de ligne cloués au sol pendant la crise sont remis en service et font concurrence aux avions de fret spécialisés,
- Le transport maritime par conteneurs redevient fiable et fluide, et regagne du terrain par rapport au fret aérien.
Depuis ce pic, l’IATA (Association Internationale du Transport Aérien) a partagé des données du marché présentant une baisse qui continue, mais de manière plus lente. Pour l’exemple, en juillet 2023, la demande mondiale s’est établie à 0.8%, contre -3.4% le mois précédent. Peut-on s’attendre à un redressement ?
L’optimisme reste modéré. En effet, les capacités de fret aérien, mesurées en tonnes-kilomètres de fret disponibles (AFTK) ont augmenté de 13.4% sur un an. A l’origine de cette forte hausse : l’augmentation des avions de passagers et par conséquent du nombre de soutes disponibles.
Le différentiel d’évolution entre l’offre et la faible demande engendre une dégradation du coefficient de remplissage, qui laisse présager une diminution plus significative des taux de fret.
À ce jour, les taux restent tout de même supérieurs d’environ 36% aux niveaux observés avant la pandémie de Covid-19.
Des perspectives inquiétantes concernant le fret aérien pour les mois à venir
Les prévisions concernant le secteur du fret aérien pour les mois à venir restent incertaines. Certains aspects de l’environnement du marché sont à prendre en compte :
- Il y a quelques semaines, l’indice des directeurs d’achat de la production manufacturière PMI (Purchasing Manager’s Index) et celui des nouvelles commandes à l’exportation étaient inférieurs au seuil critique (50), signifiant un déclin de ces deux activités majeures.
- La faiblesse de la demande se reflète également dans les chiffres du commerce extérieur mondial qui observe une diminution de 2.5% en juin.
- On note une proportion de cargos stockés ou inutilisés en augmentation, et une réticence des compagnies aériennes à investir dans de nouvelles ressources.
- Enfin, les prix à la consommation et à la production de la Chine ont chuté, laissant entrevoir une possible économie déflationniste. « L’affaiblissement des performances économiques de la Chine est une évolution préoccupante qui pourrait avoir un impact à la fois sur l’économie mondiale et sur l’industrie du fret aérien », redoute l’IATA.
L’industrie du fret aérien va-t-elle connaître une haute saison quelque peu morose pour une année consécutive ?
Willie Walsh, Directeur Général de l’IATA nous explique :
« De nombreux facteurs fondamentaux de la demande de fret aérien, tels que les volumes commerciaux et les commandes à l’exportation, restent faibles ou se détériorent. Et il existe des inquiétudes croissantes quant à la façon dont l’économie chinoise se développe. Dans le même temps, nous constatons des délais de livraison plus courts, ce qui est normalement le signe d’une activité économique croissante. Au milieu de ces signaux mitigés, le renforcement de la demande nous donne de bonnes raisons d’être prudemment optimistes ».
Après une période propice au fret aérien, les professionnels du secteur doivent faire face à d’importantes difficultés, et les mois à venir ne laissent pas présager d’amélioration immédiate.
En effet, le différentiel entre la demande en fret et les capacités disponibles ainsi que l’inquiétante évolution de l’économie mondiale et notamment chinoise laisse penser que le commerce extérieur ne va pas significativement progresser d’ici la fin de l’année 2023 et même une partie de l’année suivante.
Devant ces perspectives moroses, les acteurs du fret aérien doivent optimiser et maximiser la rentabilité leur activité.
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