Le bilan de l’agroalimentaire pour les deux dernières années a été directement lié aux répercussions du conflit en Ukraine. Le secteur s’est trouvé déstabilisé par une vertigineuse hausse des charges.
Un bilan de l’agroalimentaire marqué par la guerre en Ukraine
Parmi les premières conséquences :
- une flambée des cours de certaines matières premières agricoles,
- des tensions parfois alimentées par de moindres récoltes sur fond d’aléas climatiques,
- des défauts d’approvisionnements à déplorer.
Le conflit a aussi mis à l’épreuve la logistique mondiale. Le trafic de fret international s’est grippé soulignant les faiblesses du système. Résultat, les tarifs de l’alimentation ont bondi et les délais de livraison se sont étirés.
Dans ce contexte, certains rayons se sont vidés durant l’année. Une situation qui a renforcé en France la question de la souveraineté en matière agroalimentaire.
La flambée des coûts de production a pesé sur le bilan de l’agroalimentaire 2022 et 2023
Les deux dernières années se sont caractérisées par une hausse généralisée des charges. Les coûts des carburants pour le transport, des emballages pour le conditionnement, des métaux pour l’entretien du matériel,… L’ensemble des postes nécessaires à la production agroalimentaire est passé au rouge. Le plus marquant reste l’explosion des tarifs de l’énergie.
L’agroalimentaire confronté au « mur de l’énergie »
Pour le secteur agroalimentaire, la rentabilité des entreprises a chuté. La hausse des tarifs concerne aussi bien le gaz, les carburants que l’électricité. Production, transport, conditionnement… mais surtout cuisson, appertisation ou surgélation s’avèrent des étapes énergivores. La progression de ces marchés pénalise la trésorerie des industriels de l’agroalimentaire. Les acteurs de l’agroalimentaire n’ont eu d’autre solution que de répercuter cette tension sur leur prix de vente des produits alimentaires… Mais cela a des limites.
La première série d’aides gouvernementales n’a pas suffit à préserver la rentabilité de certaines productions.
L’inflation polarise la consommation alimentaire
Une des conséquences directes de la conjoncture 2022, outre la crainte d’une accélération de la défaillance d’entreprises, est l’inflation des prix en rayon. C’est un des faits marquants de l’agroalimentaire pour 2022. Son taux se situe en global à 6,2% sur un an. Mais elle dépasse les +10% pour les produits de grande consommation, selon les observations de l’institut Nielsen IQ. Renforcé par l’épisode de grippe aviaire et les coûts de l’alimentation animale, la hausse atteint 30% pour la viande. C’est la plus marquée devant les huiles et les pâtes (+20%).
Face à l’inflation, les Français, dont le pouvoir d’achat est lui aussi affecté par les hausses généralisées, se tournent vers les produits meilleur marché. Cela explique en partie la confirmation de la perte de vitesse du Bio.
Une durabilité agroalimentaire à renforcer
Au rang des nouveautés 2023 pour le secteur agroalimentaire, le début d’année marque l’entrée en vigueur d’une nouvelle Politique agricole commune. Celle-ci instaure notamment des éco-régimes. Il s’agit de soutiens à l’hectare accordés aux agriculteurs réalisant des efforts en faveur de l’environnement. Cela a d’ailleurs conduit la France à renforcer les exigences du référentiel de la HVE (Haute valeur environnementale) afin que les exploitations certifiées puissent prétendre à ces aides.
Dans la même ambition, de plus en plus d’initiatives de filières agroalimentaires voient le jour sur la question de la décarbonation. L’essentiel des émissions de CO2 intervient au stade de la culture. C’est donc à ce niveau que se concentrent les efforts. Plus globalement, pour le 3e trimestre 2023, la Commission européenne doit définir une nouvelle loi-cadre pour une production agroalimentaire durable.
Au-delà de l’état des lieux agroalimentaire, divers dossiers à gérer pour l’UE
Sans avancée en 2022, l’Union européenne entend aussi procéder à une révision de la législation sur le bien-être animal. Attendue pour septembre 2023, cette dernière n’a pas évolué depuis 2009. La nouvelle mouture s’imposerait aussi aux produits issus de l’importation. Les professionnels s’inquiètent néanmoins des potentielles conséquences de ces futures mesures sur la compétitivité des productions animales. Ils craignent que cela affecte les coûts au niveau des élevages et des filières de la transformation de la viande.
Au niveau national, une autre échéance, un peu plus lointaine est à anticiper : celle de l’obligation de mise en place de la facture électronique. Elle aurait dû intervenir le 1er juillet 2024. Si ce n’est plus une exigence de l’année 2024, il est toujours préférable d’anticiper cette transition pour la gérer dans les meilleures conditions.
Consolidation du e-commerce alimentaire
L’essor du e-commerce alimentaire a été dopé par le confinement. Ce type de commercialisation représentait 7,2% en 2022 des ventes agroalimentaires. Et cette tendance s’est maintenue en 2023.
Les grandes enseignes ont continué d’investir dans ce réseau avec 750 nouveaux points de distribution alimentaire créés en 2022. Preuve qu’ils parient sur la poursuite de son développement.
4 faits marquants, bilan du secteur agroalimentaire en 2023 :
- Une hausse des prix pour les céréales, les produits oléagineux et la pomme de terre.
- Des récoltes perturbées par la hausse des températures (+1.3C°)
- Une augmentation des prix de l’énergie et des matières premières avec des répercutions sur le prix de vente et le pouvoir d’achat.
- Le recul de la date de mise en œuvre de la facture électronique prévu initialement le 1er juillet 2024.
Ces articles pourraient également vous intéresser :