En plus d’une pénurie de conducteurs qui dure et de la flambée du prix du carburant, les transporteurs doivent faire face à de nouvelles règles de circulation. Entre 2017 et 2022, le gouvernement français a investi 13.4 milliards d’euros pour la mise en application de la loi d’orientation des mobilités, qui demande le développement de ZFE.
Pour rappel, le transport est l’une des activités qui émet le plus d’émissions de CO2. Il représente même un quart des émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne. Selon plusieurs études, les véhicules lourds représentent 24% des émissions du transport routier, et les véhicules utilitaires légers 20%.
Les ZFE, qu’est-ce que c’est et pourquoi faire ?
La loi d’orientation des mobilités (LOM) a été publiée au Journal officiel en décembre 2019 avec un objectif clair : des transports du quotidien à la fois plus faciles, moins coûteux et surtout plus propres.
Avec l’adoption de cette loi, les métropoles possèdent désormais la possibilité d’interdire la circulation des véhicules les plus polluants en instaurant des Zones à Faibles Emissions mobilité (ZFE ou ZFE-m). Le but est d’améliorer la qualité de l’air et de protéger la santé des populations en limitant la pollution émise par les véhicules, et notamment le dioxyde de carbone et les particules fines. A savoir, en 2018 en France, la pollution de l’air était responsable de près de 48 000 décès prématurés chaque année.
En 2022, 8 métropoles appliquent des restrictions de circulation :
- La ville de Paris et la Métropole du Grand Paris,
- La métropole du Grand Reims,
- L’Eurométropole de Strasbourg,
- La métropole de Lyon,
- Grenoble-Alpes-Métropole,
- La Métropole de Saint-Etienne,
- La Métropole Rouen-Normandie,
- Toulouse Métropole.
Attention, cette liste va très vite s’allonger. En effet, la loi Climat et Résilience impose à toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants de mettre en place une ZFE-m d’ici le 31 décembre 2024. C’est demain…
Le fonctionnement des ZFE
Au sein des Zones à Faibles Emissions mobilité, chaque véhicule doit disposer d’un Certificat Qualité de l’Air (CQA), attribué en fonction des émissions polluantes de ce dernier. Les véhicules sont identifiés au moyen d’une vignette nommée Crit’Air, dont l’échelle va de 0 (correspond aux véhicules 100% électriques ou hydrogènes) à 5. Pour le moment, la mise en place des ZFE-m est laissée à la libre appréciation des collectivités territoriales. Ainsi, chacune détermine ses propres critères d’accès, en fonction de ses objectifs écologiques.
Le non-respect de la réglementation dans une ZFE-m d’un véhicule en circulation ou en stationnement, expose le conducteur à une amende qui pourra varier selon la ZFE et le type de véhicule.
Qu’en pense le secteur du transport ?
Lors de l’assemblée générale d’Union TLF du 30 juin 2022, organisation professionnelle rassemblant les acteurs du secteur, de fortes inquiétudes ont été prononcées concernant la mise en place des ZFE. En effet, le transport routier de marchandises français est d’accord pour accélérer sa transition énergétique, mais veut un calendrier réaliste.
Par exemple, les instances parisiennes ont annoncé l’interdiction de circulation de tous les véhicules gazole dans la Capitale et de nombreuses banlieues alentour en 2024. Le secteur n’est pas prêt à des échéances aussi rapides :
- L’offre en véhicules « zéro émission » ne permet pas de respecter le calendrier.
- Les entreprises sont prêtes à expérimenter les camions électriques, mais ont besoin de plus de temps pour adapter leurs contraintes de transport et leurs coûts d’exploitation.
Union TLF écrit dans un communiqué : « La planification écologique est une opportunité pour la transition de notre secteur, à condition qu’elle s’appuie sur des calendriers réalistes, concertés avec les professionnels et harmonisés entre les territoires. Ce n’est pas aujourd’hui le cas des ZFE-m qui vont impacter considérablement la livraison des marchandises en ville dans les toutes prochaines années ».
L’objectif : verdir sa flotte de véhicule
En tant que professionnel du transport, et pour faire face au développement des Zones à Faibles Emissions mobilité, il n’existe qu’une solution : verdir l’ensemble de son parc véhicule.
Les principaux vecteurs de changement vers une flotte plus écologique sont les carburants alternatifs. Cependant, d’autres solutions liées au Diesel existent (lorsque les réglementations l’autorisent).
Le rajeunissement des véhicules Diesel :
Rajeunir ses véhicules, ça veut dire optimiser ses consommations. Pour ce faire, il est nécessaire de remettre les motorisations Diesel aux normes les plus récentes du marché (en général : Euro 5 ou Euro 6). A savoir également, certaines options permettent de limiter votre impact écologique en réduisant aussi votre consommation. Par exemple la boîte de vitesses robotisée, le bridage électronique, l’usage de la télématique, etc.
Utiliser des carburants alternatifs compatibles :
Vous pouvez dans un premier temps garder vos véhicules Diesel, et investir dans des carburants alternatifs compatibles avec votre motorisation. On parle ici de B100 ou de carburant de synthèse HVO et XTL.
La solution la plus efficace reste tout de même le renouvellement de son parc en favorisant les véhicules propres : les véhicules 100 % électriques ou hydrogène, et les véhicules hybrides rechargeables ou qui carburent au GNV (gaz naturel). Aujourd’hui, les poids lourds privilégient généralement l’hydrogène. Cela leur permet de ne plus émettre de CO2 en ne rejetant que de la vapeur d’eau, mais surtout d’avoir une certaine autonomie par rapport à l’électricité.
Les aides de l’Etat à connaître pour vous aider à décarboner votre flotte
Pour agir concrètement en faveur de l’environnement, renouveler l’ensemble de son parc en faveur de véhicules propres semble être l’action la plus pertinente à mener. Cependant, une telle décision entraîne d’importants investissements de la part des exploitants qui peuvent être difficiles voire impossibles à envisager.
Pour répondre à ces difficultés, l’Etat a décidé de mettre plusieurs aides en place pour les sociétés de transport de marchandises. Tout d’abord, un bonus écologique a été instauré pour l’achat ou la location de véhicules propres. Le montant peut varier selon le prix de ces derniers, mais peut s’élever jusqu’à 50 000 euros généralement pour un poids lourd neuf. Une aide déjà conséquente qui peut se cumuler avec le dispositif de suramortissement pour les véhicules utilisant des énergies propres, disponible jusqu’au 31 décembre 2030. Enfin, dans certaines communes, le stationnement de véhicules dits propres peut être gratuit.
D’autres leviers pour réduire ses émissions de CO2
Nous l’avons vu plus haut dans cet article, investir dans de nouveaux carburants et véhicules est une étape essentielle dans la continuité de votre activité. Cependant, ce n’est pas la seule ! D’autres leviers existent pour réduire ses émissions de CO2.
En effet, une meilleure gestion de vos flux de transport permet de limiter votre impact écologique. Cette gestion peut être facilement optimisée par l’utilisation d’un TMS (Transport Management System).
Intégré à votre système informatique, un logiciel TMS, vous permet d’améliorer l’organisation de vos tournées. Avec la complémentarité du planning graphique XPlan et de l’outil d’exploitation cartographique XWay, vous visualisez l’ensemble de vos ordres de transport sur une carte dynamique, planifiez et affectez votre tournée de façon logique et pertinente. Vous maximisez le taux de remplissage de vos véhicules, et vous réduisez considérablement vos coûts financiers et énergétiques sur chaque voyage.
Quels sont les bénéfices pour votre exploitation ?
Malgré les contraintes que peuvent apporter le développement des Zones à Faibles Emissions mobilité à votre activité de transport routier de marchandises, on retrouve tout de même des bénéfices à verdir sa flotte de véhicules.
Tout d’abord, en agissant pour répondre aux problématiques environnementales et sociétales actuelles, vous aurez l’opportunité de séduire d’éventuels futurs clients et partenaires, qui y sont également sensibles. En effet, les entreprises conscientisent de plus en plus leurs responsabilités écologiques, et recherchent des partenaires fiables avec lesquels ils peuvent avancer sur le sujet. Ainsi, vous acquérez et fidélisez des clients.
Agir en faveur de l’environnement, c’est également améliorer son image de marque auprès du public, grâce à un nouvel axe de communication fort. Aussi, c’est se différencier de la concurrence avec un argument puissant que représente l’écologie.
Pour terminer, changer sa flotte permet de répondre à la réglementation qui évolue très rapidement dans le sens de la décarbonation, avec comme nous en avons parlé, le développement fort des ZFE au sein de la France, mais aussi au niveau Européen.
Avec la mise en application de la loi d’orientation des mobilités, l’Etat met un coup d’accélérateur sur la transition écologique du pays. En effet, parmi les différents objectifs définis, on retrouve la mise à pied des ventes de véhicules en énergies fossiles carbonés d’ici 2040. Le développement des ZFE-m n’est que le début des évolutions qui vont affecter le secteur du transport de marchandises. Professionnels du secteur, vous devez dès maintenant prendre en compte les nouvelles réglementations et réfléchir à la décarbonation de votre parc véhicules.
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