Panier d’un consommateur avec des fruits, légumes et fruits secs

L’évolution de la société française affecte la consommation de fruits et légumes . Entre situation économique et enjeux environnementaux, les changements s’accélèrent.

Les éléments susceptibles de jouer sur la consommation des fruits et légumes sont nombreux. Parmi eux : la tendance à la végétalisation de l’alimentation et l’inflation des prix en rayons. La modification des habitudes de ménages ou le vieillissement de la population constituent aussi des sources d’évolution de la demande des produits maraichers et fruitiers.  Comment le marché réagit-il ? Les intervenants du Forum Végétable ont recensé les grandes évolutions affectant le secteur, le 4 avril à Paris.

1- Le marché des fruits et légumes face à des aspirations contradictoires

Les éléments directeurs de la consommation de fruits et légumes sont communs à tous les produits alimentaires. Parmi eux, la fragmentation des profils d’acheteurs. Le phénomène s’amplifie, comme le souligne Stéphane Brunerie, observateur des tendances de la Food. Ainsi, selon l’Obsoco, 45% des Français se disent « très engagés ». Mais ils ne soutiennent pas tous les mêmes causes. Bio, équitable, … Leurs attentes s’avèrent aussi de plus en plus morcelées.

A l’inverse, 55% de la population ne se sentent pas concernés par la notion d’engagement qui pourrait guider leurs choix de fruits et légumes. Sans compter que 69% assument « faire des choses totalement paradoxales ». Les consommateurs s’éloignent souvent de leurs idéaux au moment de leurs achats. Cet écart peut être lié à des biais cognitifs, au poids des habitudes ou de contraintes, comme leur pouvoir d’achat. De leur côté, les médias leur assènent des messages, souvent moralisateurs, sur ce qu’ils devraient manger.

2- L’inflation accélère l’évolution de la demande en fruits et légumes

Autre élément marquant susceptible de jouer sur la demande : l’inflation galopante. Cette donnée conjoncturelle renforce la fracture alimentaire. La hausse des prix en rayons conduit au minimum à une descente en gamme. Ainsi, 20% des Français ont réduit leurs dépenses en fruits et légumes. Le revenu aurait en revanche peu d’impact sur le volume global. « La variété de l’offre permet de trouver un produit accessible en termes économiques », explique Cécilia Benoist-Céleyrette, directrice adjointe stratégies filières d’Interfel1. Toutefois une partie de la population découvre la précarité alimentaire. Cette situation frapperait 30% des étudiants.

Rayon d’une GMS avec des boîtes de conserves de fruits et légumes

La conjoncture favorise les achats de fruits et légumes en conserve. Moins chers, ces produits se gardent plus longtemps que les frais, observe Philippe Goetzmann, expert du Retail. Les éléments à impact actuels, dont l’inflation consécutive à la guerre en Ukraine, accélèrent l’évolution des marchés, fait-il remarquer. La part de l’alimentation se modère de manière structurelle. Le poids du logement pèse toujours plus dans le budget des familles. 70% des ménages ne comptent que 1 à 2 personnes. La taille moyenne est passée de 3,3 personnes en 1968 à 2,2. Un quart des familles s’avère monoparental. Ces changements créent des fragilités qui jouent sur les habitudes alimentaires.

3- La démographie pèse sur les achats de produits primeurs

L’évolution de la société modèle les besoins et les choix de la population. Plusieurs caractéristiques démographiques affectent les achats de produits issus du maraichage et de la culture fruitière:

  • La réduction de la taille des ménages limite le temps disponible pour la préparation des repas,
  • Le savoir-faire en culinaire s’est perdu d’une génération à l’autre,
  • Des consommateurs citadins éloignés des champs et vergers.
Télécharger (PDF) : Les 4 éléments qui bouleversent la consommation de fruits et légumes

4 – L’essor du e-commerce redessine la consommation alimentaire

Autre évolution majeure du marché des fruits et légumes, l’essor du click & collect. La pratique a décollé pendant la crise sanitaire du Covid. De plus en plus de personnes y recourent de manière régulière. Depuis le premier confinement, 20% des utilisateurs réalisent des achats de fruits et légumes frais sur internet. 12% de manière régulière et 8% de façon occasionnelle. Cela créer une distance supplémentaire entre le consommateur et les filières de productions végétales. Cette nouvelle donne fait bouger les équilibres de la distribution et les besoins de traçabilité des produits fruitiers et maraichers. Commander en ligne est même devenu un réflexe chez les plus jeunes.

La livraison de repas a de son côté encore bondi de 49% en 2022. Avec la démocratisation du télétravail, le nombre de déjeuners pris à domicile progresse. Mais le rythme et la façon de s’alimenter évoluent aussi. Les observateurs de la consommation rapportent plusieurs éléments pesant sur les ventes de produits primeurs les :

  • Hausse de la prise de l’alimentation à domicile du fait du télétravail,
  • Recul de la cuisine et du fait maison,
  • Disparition du repas classique avec entrée, plat et dessert,
  • Développement du snacking.

L’ensemble de la société française connait des mutations profondes qui influent sur la la consommation de fruits et légumes . Les acteurs des différentes filières ne restent pas les bras croisés. Ils multiplient les actions pour motiver les achats.

(1) Interfel : interprofession des fruits et légumes frais.

3 axes pour dynamiser la consommation de fruits et légumes