En 2024, le secteur du fret routier va devoir redoubler d’efforts pour faire face aux différents défis qui l’attendent. La forte hausse des coûts, la diminution de la consommation, la pénurie de main d’œuvre ou encore les pressions réglementaires dessinent un nouveau cadre pour les transporteurs.
Découvrez quelles sont les 5 tendances du transport routier de marchandises en 2024.
1. Une inflation des coûts toujours présente
Depuis quelques mois, les entreprises du transport routier de marchandises sont confrontées à une inflation record de leurs coûts. Selon une étude réalisée par l’Union TLF, l’organisation représentant l’ensemble des métiers de transport et de la logistique, l’inflation pourrait atteindre 6.8% en 2024 hors carburant. Deux postes impactent en majorité cette évolution : les charges liées au personnel avec une augmentation estimée de 10% ; ainsi que les charges de structures qui prévoient +6%.
Selon une enquête menée par la FNTR, l’activité du secteur du TRM a diminué de 6.4% au deuxième trimestre 2023, et de 4.7% sur un an. La conjoncture actuelle en France et en Europe semble laisser croire que cette tendance ne tourne pas à la hausse en ce début d’année 2024. Il est donc à prévoir que les entreprises du transport devront encore rationaliser leurs coûts cette année.
2. La nécessité d’une mobilité plus durable
La prise de conscience écologique entamée il y a quelques années touche en premier lieu le transport routier de marchandises, pour qui les enjeux sont colossaux au vu de l’importance des émissions de CO2 comptabilisés par l’activité.
De plus, les réglementations et objectifs instaurés par les instances européennes poussent les entreprises à investir dans une logistique plus verte. En effet, l’Union Européenne a fixé un objectif de -30% des émissions de CO2 de la part des poids lourds en 2030 (par rapport à 2019). On note également la mise en place de ZFE (Zone à Faibles Emissions mobilité) aux alentours des grandes villes françaises.
Il existe trois vecteurs de changement pour aller vers un parc plus écologique :
- Le rajeunissement des véhicules Diesel avec des remises aux normes plus récentes,
- L’utilisation des carburants alternatifs compatibles tels que le B100 ou le carburant de synthèse HVO et XTL.
- Le renouvellement de sa flotte avec des véhicules propres : 100 % électrique ou hydrogène, hybrides rechargeables ou véhicules carburant au GNV (gaz naturel).
3. La pénurie de conducteurs continue
En 2024, la pénurie de conducteurs routiers ne s’améliorera pas selon plusieurs estimations. A ce jour, on compte plus de 50 000 postes vacants en France dans le transport routier de marchandises. Ce chiffre grimpe à 400 000 à l’échelle européenne. Il est important de noter également que la moyenne d’âge des chauffeurs est proche des 50 ans. Selon l’IRU, 30% des professionnels de la route prendront leur retraite d’ici 2026, avec un taux de remplacement des jeunes de 4 à 7 fois inférieur. Le résultat présente une estimation de 2 millions de postes à pourvoir en 2026.
Les causes de cette pénurie restent inchangées :
- Des salaires trop bas par rapport aux conditions de travail qualifiée de difficile, ainsi qu’une association compliquée avec la vie personnelle des conducteurs.
A savoir : Un conducteur gagne en moyenne entre 1600€ et 3000€ brut par mois. - Le manque d’attractivité du métier, notamment auprès des jeunes générations, engendre un réel désintérêt de leur part. En plus de la difficulté du métier et des contraintes associées, la nouvelle génération vise des secteurs en accord avec les valeurs sociétales et environnementales actuelles.
Les transporteurs comptent sur les évolutions menées sur les plans technologiques, écologiques et sociaux qui transforment le secteur avec par exemple la facilitation des tâches au quotidien grâce aux outils connectés, une meilleure QVT, etc… Pour attirer de nouveaux talents.
4. La digitalisation et les nouvelles technologies
La transformation digitale des entreprises du TRM et leur capacité à investir dans des outils d’automatisation guident depuis quelques années déjà le marché du transport. En effet, pour disposer d’une supply chain résiliente, capable de s’adapter au contexte géopolitique, et de répondre aux demandes et aux délais imposés par les clients et la concurrence, les transporteurs doivent se doter de solutions capables de leur donner une visibilité en temps réel de leur activité, d’optimiser chacun de leur processus et de rationaliser leurs coûts.
L’efficacité des logiciels de gestion tels que les TMS (Transport Management System) n’est plus à prouver ! Mais d’autres technologies émergentes pouvant être associées aux logiciels deviennent très intéressantes. L’Intelligence Artificielle (IA) générative ainsi que les jumeaux numériques sont deux technologies particulièrement efficaces pour l’optimisation de l’activité. En effet, elles sont en capacité de construire et de simuler différents scénarios liés à un réseau logistique, permettant ainsi de prédire et d’anticiper tous les événements possibles au cours de la chaîne. En tant que transporteur, vous pouvez alors mettre en place des actions concrètes pour parer à toutes éventualités. Vous gagnez en performance et en qualité de service, tout en diminuant vos coûts.
L’innovation et la digitalisation au cœur des entreprises du transport ne se limitent plus à des améliorations mineures, mais deviennent des éléments essentiels de la compétitivité.
5. La consolidation des entreprises
Le marché du transport routier de marchandises a connu cette année encore une forte augmentation des fusions et acquisitions, une tendance qui va persister en 2024.
La diminution de la demande en transport routier de fret et la croissance des coûts opérationnels des transporteurs liés à l’inflation ont impacté un certain nombre d’entreprises du secteur. D’autres sociétés y ont vu l’opportunité de mener une stratégie de croissance externe au niveau national. En 2023, le groupe Charles André a par exemple acquis Autaa, et Jacky Perrenot a repris TCV transports & Logistics.
Les reprises ne concernent cependant pas que les entreprises en difficulté. Certains acteurs du transport ont pris conscience que, pour évoluer sur le marché et accroître leur activité, ils doivent s’associer à une autre société pour apporter des synergies en échange de moyens financiers. Beaucoup ont compris qu’il devient vital d’atteindre une taille suffisante pour pouvoir répondre correctement aux demandes de leurs clients.
Les perspectives du marché en 2024 laissent prévoir que ce phénomène de concentrations des entreprises du TRM devrait perdurer quelque temps.
Le secteur du transport routier de marchandises se trouve une nouvelle fois face à de nombreux défis économiques, environnementaux et sociaux. L’inflation des coûts qui ne semble pas s’assouplir, la nécessité de durabilité, la pénurie de ressources humaines et la restructuration du marché redéfinissent le paysage de l’industrie.
Pour rester compétitif en 2024 et pérenniser leur activité de transport, les professionnels de la route doivent s’adapter à ces changements en investissant dans des solutions durables, en attirant de nouveaux talents et en exploitant les technologies émergentes.
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